Gaie comme un pinson;


Et trois ballots de camomille, trois ! Deux boules de bile de souris et 10 brins d’ortie au deuxième étage ! Verge d’or et Oseille au premier !

Trois… trois longues heures que Lueur du Crépuscule s’agite dans ta tanière ! Elle commence à en avoir ras le bol … C’est l’heure du grand ménage de printemps dans son antre. Elle n’avait pas rangé depuis l’automne dernier, et la propreté laissait à désirer. Mais maintenant qu’elle est dans le feu de l’action, elle se demande si deux trois apprentis n’auraient pas mis les pattes dans son petit coin de paradis pour lui chaparder quelques brins d’herbe à chat, et par la même occasion mettre un bazar pas possible dans ses plantes. C’est tout de même dingue, elle n’a pas pu, à elle toute seule, entasser autant de saletés et de choses inutiles ! Ce matin, lorsque Nuage de cendre est arrivée un mulot à la gueule, Lueur du Crépuscule, plongée dans ses comptes l’a rembarrée un peu brutalement. Il lui semble que l’apprentie est partie la queue droite et haute. Elle s’en veut un peu, et espère que la jeune chatte reviendra bientôt … c’est vrai qu’un coup de patte ne serait pas de refus, et le sourire de son apprentie lui manque. Et de plus, elle meurt de faim …

Le soleil frappe fort dans le camp. La chaleur est étonnante pour un mois d’avril. Le chant mélodieux des merles enchante l’atmosphère, accompagnant les rires des chatons. C’est une belle journée. Lueur du Crépuscule sort enfin de son antre. Elle soupir de bien-être, et se laisse tomber en sol, entamant un grattage de dos. Elle ronronne comme un chaton, en se tortillant sur le sol de roseaux. Puis elle saute sur ses quatre pattes, et s’ébroue joyeusement. C’est si facile d’être de bonne humeur, lorsqu’on a la volonté qui va avec. Voilà une semaine, qu’elle a rencontré Etoile Bleue dans la prairie, et elle ne se laisse pas abattre. Notre guérisseuse s’avance gaiement vers le tas de gibier. Il fait vraiment chaud… Elle adresse un grand sourire à tous ceux qu’elle croise. Quoi de mieux qu’un sourire pour redonner confiance à un chat ? Elle chipe un apetissant poisson qui ressemble vaguement à une carpe et fait demi-tour en direction du ru tout proche.

Elle s’assoit sur un rocher au milieu du ruisseau. Le bruit du l’eau qui s’écoule l’apaise. Elle mange goulument, en reprenant des forces. Puis elle s’allonge sur le flanc, une patte dans l’eau. Elle regarde la cime des arbres proches. Un moineau vient se poser sur une branche, chante amoureusement, puis repart. Le printemps … une saison pleine de promesses. Ce moineau rencontrera l’âme sœur, qui pondra des œufs. Des oisillons naitront, s’envoleront. Certains se feront manger, mais c’est le cycle de la vie. Lueur du crépuscule se relève, se secoue le pelage, glisse et … tombe dans l’eau en riant. Elle ressemble à un chaton. 32 lunes derrière elle, et elle patauge dans le ru, toute trempée. Ça met du baume au cœur non, de la voir si fraiche et si légère ? Elle profite quelques minutes des bienfaits de l’eau, puis ressort et se laisse sécher au soleil. Elle l’a bien méritée, sa pause. Mais il ne faut pas abuser des bonnes choses. Elle retourne en direction du camp, et se pose sur un amas de mousse, au milieu de la clairière, à disposition de tout le monde.